Qualité de vos sols : comparez vos… vers de terre !

Pour parler des sols, Eco-Impact a choisi d’aller directement interroger ceux qui y sont installés et qui en dépendent : les vers de terre. Bioindicateurs reconnus depuis de nombreuses années, ils intègrent tous les événements, positifs et négatifs, de la vie de la parcelle pour nous en raconter la qualité globale.

Ici nous proposons, en première approche, d’étudier un seul indicateur : le nombre de vers par m² (c’est-à-dire l’abondance totale). Il existe d’autres indicateurs, qui reposent sur la présence des différentes espèces de vers de terre. Ces indicateurs demandent donc d’observer les vers et de les trier selon leur appartenance à un groupe, parmi 3 groupes principaux : les vers qui vivent à la surface (appelés épigés), ceux qui vivent dans des galeries verticales (anéciques), et ceux qui vivent en profondeur (endogés).[1]

L’avantage de l’utilisation de ce bioindicateur est sa facilité et sa gratuité : vous pouvez aisément appliquer vous-même le protocole suivant. Il a été élaboré par l’Université de Rennes, qui a mis sur pied un observatoire participatif des vers de terre[2]. Pour être représentatif de l’activité des vers de terre, l’échantillonnage doit être réalisé en dehors des mois les plus secs, pendant lesquels les vers de terre réduisent leur activité. Idéalement, vous le pratiquerez d’octobre à avril, sur un sol non gelé, non enneigé et non gorgé d’eau (ressuyé).

Le protocole s’appelle le Test Bêche Vers de Terre.

Pour chaque parcelle, il est nécessaire de chercher tous les vers de terre de 6 blocs de sol de 20 cm sur 20 cm de côté et de 25 cm de profondeur, creusés à la bêche. On travaille séparément, bloc par bloc, selon la disposition de la figure 1 (valable pour les grandes cultures et les prairies).

Fig. 1 : disposition des blocs – application du Test Bêche Vers de Terre. Source : Observatoire participatif des vers de terre.

Le protocole détaillé est accessible ici. De manière simplifiée, vous avez besoin de :

  • 1 bêche
  • 2 grands bacs plastiques vides (60/40/40 cm)
  • 1 boite plastique blanche (20/10/10)
  • réserve d’eau

Si vous travaillez à plusieurs en même temps, il faudra disposer chacun de la liste ci-dessus. En effet, il faut compter les vers de terre de chaque bloc de sol séparément.

Un mode opératoire simple mais qui demande un peu de temps

L’objectif est d’extraire le bloc de sol de 20 sur 20 sur 25 cm assez rapidement, sans piétiner avant de creuser. On dépose la terre extraite dans l’un des grands bacs. Ensuite, on l’émiette à la main, petit à petit, dans le deuxième grand bac. L’émiettage prend du temps (environ 45 minutes pour 1 bloc de sol). Il faut en effet briser toutes les mottes jusqu’à un diamètre de 1 cm. Chaque ver de terre trouvé (ou morceau de ver) est déposé dans la boite blanche dans laquelle on a mis 3 cm d’eau au fond.

Il faut ensuite compter le nombre de vers de terre pour chaque bloc de sol. L’idéal, pour gerder une trace de son observation et la partager par exemple, est aussi de faire une photo du groupe de vers de terre de chaque bloc, avec une pièce de 1 EURO comme échelle, dans une boîte blanche sans eau.

Quand on a fini les 6 blocs, il faut faire la moyenne (diviser la somme des résultats par 6). Cette valeur donnera le nombre moyen de vers de terre par bloc. Pour obtenir le nombre de vers de terre par m² de parcelle, il faut multiplier cette moyenne par 25.

Comparez vos résultats !

Nous avons appliqué ce protocole dans le cadre de l’étude de biosurveillance menée dans le bassin du Néblon (communes de Ouffet, Durbuy et Clavier) et en Hesbaye (communes de Awans, Donceel, Jeneffe), ce qui permet de comparer vos résultats à ceux de parcelles situées dans un même contexte biogéographique et agricole.

Les résultats peuvent être interprétés selon l’échelle ci-dessous (figure 2).

Fig. 2 : échelle d’interprétation des résultats obtenus par comptage des vers de terre présents dans les 6 blocs de sol d’une parcelle.

Nos observations ont été réalisées en 2020 et 2021, dans un total de 22 parcelles (figure 3). 10 d’entre-elles appartiennent à la catégorie d’abondance faible, c’est-à-dire qu’on y a compté entre 21 et 151 vers de terre par m². 8 parcelles ont montré une abondance moyenne (de 151 à 300 vers de terre par m²) et seulement 4 parcelles appartiennent à la classe d’abondance élevée (entre 301 et 600 vers de terre par m²). Aucune parcelle ne se situe dans la catégorie très faible, ni dans la catégorie très élevée.

Fig. 3 : nos résultats, classés par nombre de parcelle dans chaque catégorie d’abondance. 10 parcelles ont une faible abondance, 8 parcelles ont une abondance moyenne et 4 parcelles ont une abondance élevée.

 

A vous maintenant de tester votre parcelle, et de partager vos résultats avec nous !

 

[1] Source : Observatoire Participatif des Vers de Terre :
– Les épigés : de petite taille, très colorés, ils vivent à la surface du sol, dans la litière de feuilles ou tout amas de déchets organiques en décomposition (tas de fumier ou compost par ex.) qu’ils décomposent ;
– Les anéciques : de grande taille, ils vivent dans le sol dans des galeries +/- verticales et viennent se nourrir à la surface des matières organiques en décomposition. Il existe deux groupes chez les anéciques : celui des épi-anéciques et celui des anéciques stricts ;
– Les endogés : de couleur rose à très pâle, ils vivent dans le sol sans remonter à la surface.

 

[2] https://ecobiosoil.univ-rennes1.fr/OPVT_presentation.php consulté le 26/10/2021